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Faute de gestion : définition, conséquences, exemples concrets

Par Jean-Luc Javelaud, le 13 novembre 2024
8 min.

Faute de gestion : définition, exemples courants, sanctions et jurisprudence. Guide complet pour comprendre la responsabilité du dirigeant en cas de faute.

La faute de gestion est un concept central dans la gouvernance d’entreprise. Bien que souvent associée à des décisions malencontreuses ou imprudentes, elle peut avoir des implications juridiques lourdes pour les dirigeants. Cet article explore en détail ce qu’est une faute de gestion, ses conséquences, et comment l’éviter.

Qu’est-ce qu’une Faute de Gestion ? Définition et Explications

Faute de gestion : définition légale et pratique

La faute de gestion n’est pas définie de manière explicite par la loi, mais elle est largement encadrée par plusieurs articles du Code de commerce. Elle désigne tout acte ou omission d’un dirigeant qui compromet les intérêts de la société ou des tiers.

Articles de référence :

  • Article L.223-22 du Code de commerce : prévoit la responsabilité des dirigeants de SARL en cas de faute de gestion.
  • Article L.225-251 : applicable aux dirigeants de SA, il dispose qu’ils sont responsables individuellement ou solidairement en cas de violation des lois, des statuts ou de fautes de gestion.

En pratique, une faute de gestion peut résulter d’une décision précipitée ou mal informée, comme un investissement sans étude de rentabilité ou un manque de contrôle des flux financiers.

Exemples pratiques :

❌ Investissement disproportionné sans étude préalable.

❌ Absence de contrôle sur la trésorerie, menant à des difficultés de paiement.

Les critères pour qualifier une faute de gestion

Les tribunaux s’appuient sur plusieurs critères pour déterminer s’il y a faute :

  1. Violation des lois ou règlements.
  2. Négligence grave dans l’exécution des obligations.
  3. Lien de causalité direct avec le préjudice subi.

Par exemple, l’article L.123-12 du Code de commerce impose à toute entreprise de tenir une comptabilité régulière et sincère. L’omission de cette obligation est souvent un indicateur de faute.

Les critères pour qualifier une faute de gestion

Tous les actes d’un dirigeant ne constituent pas nécessairement une faute de gestion. Pour qu’un tribunal reconnaisse une faute, il faut démontrer :

✅ Une intention ou une négligence caractérisée.

✅ Un préjudice pour l’entreprise ou ses créanciers.

✅ Un lien de causalité direct entre l’acte du dirigeant et le préjudice.

📢 Les trois conditions étant à remplir.

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Qui Peut Être Tenu Responsable d’une Faute de Gestion ?

La responsabilité du dirigeant en cas de faute de gestion

Le dirigeant d’une société, qu’il soit président, gérant ou directeur général, peut être tenu personnellement responsable de ses actes. Cela est particulièrement le cas si sa gestion met en péril la survie de l’entreprise ou si elle nuit aux intérêts des tiers (fournisseurs, clients, créanciers).

Il peut être tenu responsable sur le plan civil (articles L.223-22 ou L.225-251 du Code de commerce) et pénal (articles L.242-6 ou L.241-3 en cas d’abus de biens sociaux).

😨 Exemple pénal : L’article L.242-6 du Code de commerce condamne l’abus de biens sociaux, qui est une forme grave de faute de gestion souvent poursuivie devant les tribunaux correctionnels.

Cas pratiques :

❌ Mauvaise gestion des stocks entraînant des pertes financières significatives.

❌ Souscription de prêts risqués sans capacité de remboursement.

Faute de gestion et responsabilité des associés

Les associés peuvent également être concernés, surtout s’ils participent activement à la gestion ou s’ils approuvent des décisions manifestement préjudiciables.

Focus sur la SASU et l’EURL : Même si les associés ont un rôle limité dans ces structures, ils peuvent être poursuivis si leur intervention a favorisé une mauvaise gestion.

Dans le cadre des liquidations judiciaires, l’article L.651-2 du Code de commerce permet de rechercher la responsabilité des dirigeants pour insuffisance d’actifs, si leur faute a contribué à l’état de cessation des paiements.

Exemples Concrets de Faute de Gestion

Exemples de fautes de gestion dans les TPE et PME

Voici des situations réelles où les tribunaux ont reconnu des fautes de gestion :

  • Non-déclaration de cessation des paiements dans le délai légal (article L.631-2 du Code de commerce).
  • Souscription de contrats risqués sans consultation des associés.
  • Retard systématique dans le paiement des cotisations sociales (article R.243-6 du Code de la sécurité sociale).

Les fautes de gestion les plus courantes chez les dirigeants

Parmi les erreurs les plus fréquentes :

  • Retirer des fonds de l’entreprise pour des dépenses personnelles.
  • Non dépôt des comptes annuels (bilan comptable)
  • Absence de convocation des assemblée générales.
  • Ne pas souscrire les assurances obligatoires.
  • Investir dans des projets sans rentabilité prévisible.
  • Poursuivre une activité déficitaire sans mettre en place de mesures correctives.

Études de cas et exemples de jurisprudence en matière de faute de gestion

Un exemple marquant est l’affaire XYZ, où le dirigeant avait poursuivi une activité malgré une situation de cessation des paiements. Le tribunal l’a condamné à combler le passif social.

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Les Sanctions en Cas de Faute de Gestion

Faute de gestion : quelles sanctions civiles ?

Les sanctions civiles incluent principalement l’indemnisation des préjudices causés à l’entreprise ou aux créanciers. L’article L.651-2 du Code de commerce prévoit que le dirigeant peut être condamné à combler l’insuffisance d’actifs en cas de liquidation judiciaire.

Les conséquences pénales pour le dirigeant en cas de faute

Certaines fautes de gestion relèvent du pénal, comme l’abus de biens sociaux, réprimé par l’article L.242-6 du Code de commerce. À cela s’ajoutent des dispositions du Code pénal, notamment :

  • Article 314-1 : sanctionne l’abus de confiance.
  • Article 432-15 : vise la gestion de fait frauduleuse.

Sanctions financières et interdictions de gestion

😨 En cas de faute grave, le dirigeant peut se voir imposer une interdiction de gérer, prévue par l’article L.653-8 du Code de commerce, pour une durée pouvant aller jusqu’à 15 ans.

Jurisprudence sur la Faute de Gestion : Études de Cas et Précédents

Les principaux arrêts de jurisprudence concernant la faute de gestion

La jurisprudence française offre une riche source d’exemples pour comprendre les situations dans lesquelles une faute de gestion a été reconnue. Voici quelques arrêts emblématiques :

1. Arrêt Société Breta (Cass. com., 12 février 2013, n° 11-23.739) Dans cette affaire, le dirigeant d’une PME avait continué à contracter des dettes alors que l’entreprise était en état de cessation des paiements. La Cour de cassation a confirmé que cette attitude constituait une faute de gestion, engageant sa responsabilité personnelle dans le cadre de l’insuffisance d’actifs.

2. Arrêt Roume (Cass. com., 22 mars 2016, n° 14-21.555) Cet arrêt illustre une faute de gestion due à l’absence de tenue régulière de la comptabilité. Le dirigeant avait été incapable de présenter des comptes à jour, ce qui a conduit à des décisions financières désastreuses. La Cour a rappelé que l’absence de comptabilité est un manquement grave aux obligations de gestion.

3. Arrêt Société Numérika (Cass. com., 10 janvier 2018, n° 16-18.825) Dans cette affaire, un dirigeant avait utilisé les fonds de l’entreprise à des fins personnelles, notamment pour l’achat d’un véhicule de luxe et des voyages. La Cour a estimé qu’il s’agissait d’un abus de biens sociaux, constitutif d’une faute de gestion lourde.

4. Arrêt SA Jely (Cass. com., 27 mars 2019, n° 17-15.320) Le dirigeant avait investi massivement dans un projet sans étude préalable, entraînant la perte quasi-totale des fonds propres. La Cour a jugé que ce manque de prudence constituait une faute de gestion, engageant sa responsabilité civile et financière.

5. Arrêt Société Mornay (Cass. com., 5 octobre 2022, n° 20-19.372) Un cas intéressant où le dirigeant avait continué à payer certains créanciers tout en omettant de payer les cotisations sociales. La Cour a confirmé que cette pratique, qualifiée de « paiement préférentiel », constituait une faute de gestion.

Autres arrêts notables :

  • Arrêt Royal (Cass. com., 23 janvier 2007, n° 05-16.449) : Un dirigeant a été condamné pour avoir signé des contrats avec des clauses abusives sans en informer les associés, ce qui a causé des pertes importantes.
  • Arrêt SARL Atlantique (Cass. com., 15 novembre 2011, n° 10-20.359) : La Cour a sanctionné un dirigeant pour défaut de surveillance des comptes bancaires, entraînant des découverts importants non maîtrisés.

Quelles leçons tirer de la jurisprudence pour éviter les fautes de gestion ?

Ces arrêts mettent en lumière plusieurs enseignements cruciaux pour les dirigeants d’entreprise :

✅ La rigueur comptable est essentielle. Une comptabilité mal tenue ou absente est souvent l’un des premiers éléments examinés par les tribunaux pour déterminer une faute de gestion.

✅ Les décisions stratégiques doivent être documentées. Avant d’engager des fonds importants ou de signer des contrats significatifs, il est impératif de justifier les choix par des études ou des conseils d’experts.

✅ Les fonds de l’entreprise doivent être strictement séparés de ceux du dirigeant. Toute confusion entre les deux peut rapidement être interprétée comme un abus de biens sociaux.

✅ Surveiller la situation financière de l’entreprise. La poursuite d’une activité déficitaire ou l’accumulation de dettes sans stratégie claire pour redresser la situation sont des signaux d’alarme pour les tribunaux.

En analysant ces précédents, les entrepreneurs peuvent mieux anticiper les risques et prendre des décisions éclairées pour éviter les pièges courants de la gestion.

À propos de l’auteur

Jean-Luc Javelaud
Jean-Luc Javelaud
Expert-comptable
Passionné par les nouvelles technologies et le conseil aux entreprises, Jean-Luc Javelaud a développé son activité sur Internet afin de proposer aux entreprises des solutions économiques accompagnées de conseils à valeur ajoutée.
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